Petite histoire d’une enfant qui s’est construite en sur-adaptation permanente. Pour entrer dans la case « fillette gentille, douée et sage » que lui intimait, sans grande conscience l’ensemble de son entourage, elle a su dérouler une liste à rallonge de « bonnes actions ».
Les attentes à son égard, parfois démesurées, parfois paradoxales, ont développé chez elle un fort sentiment de décalage.
La petite fille a grandi, chargeant toujours plus son bagage de valeurs, d’idéaux et même de réalisations qui ne lui appartiennent pas vraiment.
Donald Winnicott (1896-1971), pédiatre, psychiatre et psychanalyste, n’a eu de cesse que de prévenir les failles pathogènes de l’environnement de l’enfant, dont il peut observer les conséquences dans son activité clinique. Il constate que l’enfant qui n’a pu bénéficier de l’attention suffisante et bienveillante de la part des adultes (ses parents en premier lieu), va se sur-adapter à son environnement. Loin de se sentir compris, il se conforme au désir de l’autre, oubliant le sien.
Dans ses relations sociales, sa vie de couple, sa vie de famille, ses collaborations professionnelles…
L’adulte en faux-self peut paraître idoine en toute situation et entretenir à l’intérieur un terrible sentiment d’imposture et d’illégitimité. Pour autant, il perçoit un risque important à dévoiler sa vraie personnalité et préfère nourrir, dans une certaine mesure, son besoin de sécurité. Au travail, il peut aussi développer des comportements « as if », comme s’il était toujours exactement à sa place…en apparence et de manière inconsciente.
Le jeune enfant qui a grandi en vrai-self a connu, dès son plus jeune âge un espace transitionnel qui lui a permis de bien vivre la séparation d’avec sa mère. Il a appris, en toute sécurité, la frustration supportable, la perception de soi et l’autonomie.
Expérimenter son espace transitionnel à l’âge adulte est l’opportunité d’un second départ. C’est la chance de ceux que j’appelle les « Atypiques Authentiques ». C’est une révélation tant personnelle que professionnelle, qui peut se concrétiser notamment par une évolution de carrière ou un besoin de reconversion.
L’Atypique Authentique s’offre la possibilité de réajuster l’équilibre de ces quatre dimensions :
- conscience, connaissance et affirmation de soi, pour identifier et exploiter ses valeurs et ressources
- régulation de ses émotions et réactions, pour prendre du recul et se connecter à l’état émotionnel le plus juste pour soi
- aptitude d’engagement et de décision, pour développer son capital confiance et la responsabilité de ses choix
- maîtrise des relations humaines, pour cultiver son intelligence sociale et étendre son ouverture aux autres.
C’est la combinaison de l’ensemble de ses qualités personnelles qui permet à l’Atypique Authentique d’actualiser ses potentiels et de faire briller pleinement sa personnalité unique.
Aujourd’hui est son jour de chance. La jeune femme a percé sa coquille et rencontré son intériorité. Trésor extraordinaire.
Le chemin ne sera pas linéaire, la destination encore inconnue, mais l’horizon semble diffuser une douce lumière.
Le 25.04.2018
Peggy Allard, Coach des Atypiques Authentiques
merci Peggy super texte qui pose des question et ouvre de nouvelle piste
profite bien de cette nouvelle route sans masques 😉
un témoignage a propos du faux self
Dimanche un joueur de tennis me dit : mais si je montre ma colère alors mon adversaire va le voir et utiliser cela contre moi !
intéressant…
Je lui propose un test de motricité comme j’aime bien.
Je le place dos à une autre personne et je lui propose de retrouver en pensée ce moment de colère… puis je teste celui qui tourne le dos qui se retrouve en inversion de préférence de motricité…
cela me permet de dire quand on triche avec ses émotions tout le monde le sait mais en plus l’on se met en souffrance.
du coup comme toi j’invite les personnes que j’accompagne à jouer franc jeu mais à se faire accompagner pour le faire avec sécurité 😉
Merci Gérard, ton approche (par la motricité) diffère de la mienne, mais l’objectif et les résultats sont liés. Il ne s’agit pas de moi dans l’article, même si on a tous un jour ou l’autre un masque à porter ou à enlever.